Diamant de couleur bleu-gris intense, à l’origine de 35,56 carats et d’une pureté classée VS2 (très petite(s) inclusion(s) difficilement visibles(s) à la loupe avec grossissement de 10 fois) ; il est le troisième plus gros diamant bleu du monde.
Il est acheté en 1664 par le roi Philippe IV d’Espagne et intégré dans la dot de sa fille, l’Infante Margarita-Teresa, lors de son mariage en 1666 avec l’empereur Léopold Ier du Saint-empire. Ce dernier le fait figurer dans les joyaux de la couronne d’Autriche au décès de Margarita-Teresa, puis il le lègue en 1705 à sa troisième épouse l’impératrice Eleonore Magdalena, qui le lègue à son tour en 1720 à leur petite-fille Marie-Amélie d’Autriche, laquelle épouse, en 1722, Charles VII du Saint-Empire, un Wittelsbach. C’est à ce moment que le diamant prend le nom de « Der Blaue Wittelsbacher ». En 1745, il est monté sur le collier de Grand Maître de l’Ordre de la Toison d’Or autrichien et porté par plusieurs souverains. Lorsque Maximilien Ier devient le premier roi de Bavière, il fait monter comme élément central de sa couronne le » Blaue Wittelsbacher ». Il y restera jusqu’en 1918, date de l’abdication de Louis III de Bavière. On le verra encore, pour son ultime apparition officielle, en 1921 lors des obsèques de Louis III, dernier roi de Bavière.
En 1931, la Bavière devient une république et les joyaux de sa couronne sont mis aux enchères par Christie’s mais « Le Wittelsbach » disparaît mystérieusement, remplacé, semble-t-il, par un vulgaire morceau de verre bleu. Il réapparaît en 1951 à Bruxelles et y est exposé, sans attribution, lors de l’exposition universelle de 1958. A Anvers en 1961, on demande à Joseph Komkommer, diamantaire, de retailler une pierre. Celui reconnaît alors « Le Wittelsbach » et refuse catégoriquement d’endommager un diamant historique. Il le rachète, avec des associés belges et américains, pour 180.000 Livres sterling. La pierre est revendue en 1964 à un collectionneur privé, bijoutier de Hambourg.
Le 10 décembre 2008, le diamant figure à nouveau dans les enchères de Christie’s à Londres et est adjugé au bijoutier et collectionneur londonien Laurence Graff pour la somme record de 16,4 millions de Livres sterling. En mars 2010, le bijoutier annonce qu’il a conclu un accord avec le Smithsonian Institute afin d’exposer le célèbre diamant retaillé et renommé « Wittelsbach-Graff ». La pierre, avec cette retaille à perdu plus de 4 carats puisqu’elle pèse désormais 31,06 carats au lieu de 35,56. Cette opération a suscité de nombreuses réactions et commentaires défavorables, car la pierre, à cette occasion, a perdu plus que du poids. Sa taille originelle était déjà parfaite, c’était un diamant historique, témoin du savoir-faire des joailliers du passé, avec bien sûr des défauts de surface mineurs dus à sa longue utilisation. Désormais, la pureté de la pierre est classée IF (Internally Flawless = absence d’inclusion avec grossissement de 10 fois) au lieu de VS2 par le GIA (Gemological Institute of America) et elle a un éclat incomparable, mais ce gain, d’une valeur surtout monétaire et qui répond plus aux standards du XXIe siècle qu’à ceux du XVIIe, était-il vraiment indispensable ? On peut se poser la question.
Le diamant a été revendu en 2011 pour un montant inconnu à un acquéreur chinois, bien entendu, anonyme.